Marion von Dönhoff
Éditrice Die Zeit | |
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Rédactrice en chef Die Zeit | |
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Comtesse |
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Naissance | |
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Décès | (à 92 ans) Château de Crottorf (d) |
Sépulture | |
Nom dans la langue maternelle | Marion Dönhoff |
Nom de naissance | Marion Hedda Ilse Gräfin Dönhoff |
Nationalité | allemande |
Formation | |
Activités | Journaliste, rédactrice en chef, résistante, journaliste d'opinion |
Famille | |
Père | |
Fratrie | Heinrich Graf Dönhoff (d) |
Parentèle | Heinrich von Lehndorff (cousin germain) |
A travaillé pour | |
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Membre de | Atlantik-Brücke (en) PEN club Allemagne (en) Deutsches Polen-Institut (d) Freie Akademie der Künste in Hamburg (en) Académie américaine des arts et des sciences Deutsche Gesellschaft für auswärtige Politik (en) Zonta International |
Directeur de thèse | Edgar Salin (en) |
Distinctions | Liste détaillée Joseph E. Drexel award (d) () Prix Theodor-Heuss (d) () Prix de la paix des libraires allemands () Prix Heinrich-Heine () Johann-Heinrich-Merck-Ehrung () Erich-Kästner award (d) () Médaille Reinhold-Maier (d) () Prix Hermann-Sinsheimer () Prix Bruno-Kreisky (d) () Docteure honoris causa de l'université Columbia Prix des quatre libertés de Roosevelt – liberté d'expression Brückepreis (en) Grand-croix de l'ordre du Mérite de la république de Pologne Docteur honoris causa de l'université de Birmingham |
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La comtesse Marion Hedda Ilse von Dönhoff, ou simplement Dönhoff (Marion Gräfin Dönhoff), née le au château de Friedrichstein en Prusse-Orientale et morte le au château de Crottorf, près de Friesenhagen en Rhénanie-Palatinat, est une aristocrate allemande, qui fut rédactrice en chef et directrice de l'hebdomadaire Die Zeit, dont elle fut cofondatrice, et l'une des grandes figures du journalisme allemand d'après-guerre.
Biographie
Née en , Marion von Dönhof est issue d'une famille de la noblesse prussienne[1],[2]. Son père est le comte August von Dönhof, membre héréditaire de la chambre des seigneurs de Prusse, membre du Reichstag de 1881 à 1903, ancien diplomate et passionné d'antiquités. Il voyagea beaucoup dans sa jeunesse, par exemple aux États-Unis. Il était l'héritier du fidéicommis de Friedrichstein, immense domaine de Prusse-Orientale, aujourd'hui dans l'oblast de Kaliningrad. Sa mère, stricte luthérienne, est née Maria von Lepel (1869-1940) et a passé une partie de sa jeunesse chez ses grands-parents dans leur château d'Heiligenkreutz en Croatie. Elle est dame d'honneur de l'impératrice Augusta-Victoria. Maria von Dönhoff, quant à elle, est la cadette de la famille ; ses quatre aînés, deux garçons et deux filles, ont de huit à dix ans de plus qu'elle et elle est la dernière des trois plus jeunes[3]. Elle connaît peu son père, car il meurt en 1920 à l'âge de soixante-quinze ans et elle a à peine dix ans. Sa jeunesse se passe donc à la campagne dans une atmosphère patriarcale (ou plutôt matriarcale en l'occurrence) où les enfants sont plus proches des domestiques que de leurs parents.
La jeune fille parvient tout de même à faire des études d'économie à l'université de Francfort-sur-le-Main en 1932, en étant la seule fille dans une classe de 18 garçons. Comme un certain nombre d'aristocrates descendants de Junkers, elle est hostile au national-socialisme, destructeur de l'ordre ancien, mais surtout pour elle destructeur des libertés. Elle poursuit ses études à l'université de Bâle, où elle passe son doctorat en 1935 sur le système agricole des grandes propriétés foncières de Prusse-Orientale[4], dont celle de sa famille qui existe depuis sept cents ans. Elle retourne à Friedrichstein à la fin 1937, après un long voyage. Elle y gère les biens fonciers familiaux[4] et lutte contre le nazisme[4] en s'associant à un mouvement de résistance anti-nazi. Un certain nombre de ses familiers sont mêlés à la tentative d'assassinat contre Hitler en [4], dont son cousin Heni von Lehndorff qui est pendu à la prison de Plötzensee. Elle-même est interrogée par la Gestapo, pour sa prise de participation à l'organisation d'un gouvernement prussien de l'est, une fois Hitler éliminé. Mais elle est relâchée faute de preuves. Toute la famille doit fuir quelques mois plus tard en lorsque la Prusse-Orientale est envahie par l'Armée rouge. Le château brûle et un déplacement de population gigantesque a lieu: tous les Allemands doivent quitter la province qui est peuplée de Polonais expulsés de Pologne de l'est (aujourd'hui Ukraine occidentale), tandis que la zone plus à l'est est peuplée de Soviétiques, surtout ukrainiens ou des régions dévastées du centre de la Russie. Elle s'enfuit alors à cheval pendant 6 semaines vers Hambourg[4] sans argent, ni personne avec elle.
Marion von Dönhoff parvient à trouver refuge à Hambourg et recommence sa vie de zéro[1]. Elle rejoint les fondateurs d'un nouvel hebdomadaire appuyé par les Britanniques qui occupent la région et qui prend très vite son essor[1]. Il s'agit de l'hebdomadaire Die Zeit (« Le Temps », en allemand). D'obédience libérale, la jeune femme devient journaliste politique, puis vice-rédacteur en chef en 1955[4], avec la direction des affaires politiques, rédacteur en chef en 1968[4] et directrice en 1972[4]. Elle a toujours été considérée comme une grande figure morale à la réputation de sagesse dans le monde journalistique et politique de l'après-guerre. Elle obtient en 1971 le prix de la paix des libraires allemands, pour lequel son laudateur est Alfred Grosser.
Elle n'a jamais eu d'enfants, ne s’est jamais mariée, et a consacré sa vie au journal. Pourtant elle élèvera les enfants de sa sœur et de son frère, qui se retrouveront tour à tour orphelins.
Elle est l'auteur de plus d'une vingtaine d'ouvrages, dont la plupart sont traduits en plusieurs langues. La majorité d'entre eux analysent l'histoire de l'Allemagne au XXe siècle[5].
La comtesse n'a jamais pensé retrouver les domaines de sa famille, et au contraire a toujours œuvré pour une réconciliation de l'Allemagne avec la Pologne et la Russie. « Quand je pense aux forêts et aux lacs de Prusse-Orientale, je suis certaine qu'ils sont aussi incomparablement beaux qu'autrefois, lorsqu'ils appartenaient au pays de mes ancêtres. Peut-être existe-t-il une forme d'amour plus élevée, celle d'aimer ce qui ne vous appartient plus. »
Marion Dönhoff a été reçue comme docteur honoris causa de plusieurs universités américaines et de celle de Kaliningrad.
Elle est morte le au château de Crottorf, près de Friesenhagen en Rhénanie-Palatinat, à 92 ans[1],[4],[5].
Une pièce de 10 euros a été frappée à son effigie en 2009 en son honneur en Allemagne.
Publications (en langue allemande)
- Entstehung und Bewirtschaftung eines ostdeutschen Großbetriebes. Die Friedrichstein-Güter von der Ordenzeit bis zur Bauernbefreiung (thèse de l'université de Bâle), 1935
- In Memoriam 20. Juli 1944. Den Freunden zum Gedächtnis, 1945
- Namen, die keiner mehr nennt. Ostpreußen - Menschen und Geschichten, 1962, 2e édition 2009
- Die Bundesrepublik in der Ära Adenauer. Kritik und Perspektiven, 1963
- Deutsche Außenpolitik von Adenauer bis Brandt, 1970, 2e édition 1982
- Menschen, die wissen, worum es geht. Politische Schicksale 1916-1976, 1976
- Von gestern bis übermorgen, 1981, 2de édition 1996
- Amerikanische Wechselbäder. Beobachtungen und Kommentare aus vier Jahrzehnten, 1983
- Weit ist der Weg nach Osten, 1985
- Preußen. Maß und Maßlosigkeit, 1987, 2e édition 2002
- Kindheit in Ostpreußen, 1988, 2de édition 1998
- Gestalten unserer Zeit : Politische Portraits, 1990, 2de édition 1990
- Versöhnung : Polen und Deutsche. Die schwierige Versöhnung. Betrachtungen aus drei Jahrzehnten, 1991, 2de édition 1998, avec Freimut Duve
- Weil das Land sich ändern muß. Manifest I, 1992
- Weil das Land sich ändern muß. Manifest II, 1992
- Im Wartesaal der Geschichte. Vom Kalten Krieg zur Wiedervereinigung, 1993
- Um der Ehre Willen. Erinerungen an die Freunde vom 20. Juli, 1994
- Der Effendi wünscht zu beten. Reisen in die vergangene Fremde, 1998
- Zivilisiert den Kapitalismus. Grenzen der Freiheit, 1997, 2e édition 1999
- Menschenrecht und Bürgersinn, 1999
- Macht und Moral. Was wird aus der Gesellschaft?, 2000
- Deutschland, deine Kanzler. Die Geschichte des Bundesrepublik 1949-1999, 1999
- Vier Jahrzehnte politischer Begegnungen, 2001
- Was mir wichtig war, 2002
- Ritt durch Masuren, 2002, photographies de Dietrich Weldt
- Ein wenig betrübt, Ihre Marion. Marion Gräfin Dönhoff und Gerd Bucerius. Ein Briefwechsel aus fünf Jahzehnten, 2003, correspondance avec Gerd Bucerius
Publications (traductions en français)
- Comtesse Marion Dönhoff, Une enfance en Prusse orientale, Paris, Albin Michel, 1990, traduction de Kindheit in Ostpreußen par Colette Kowalski
Notes et références
- ↑ a b c et d Henri de Bresson, « Marion Dönhoff », Le Monde, (lire en ligne)
- ↑ Paul Pasteur, « Dönhoff, Marion Hedda Ilse von [ Friedrichstein, Prusse-Orientale 1909 - Friesenhagen, Rhénanie-Palatinat 2002] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Dictionnaire universel des créatrices, Éditions Des femmes, , p. 1293
- ↑ Avant elle un frère, Christoph, de trois ans plus âgé et une sœur trisomique.
- ↑ a b c d e f g h et i Didier Pradervand, « La grande dame du journalisme allemand tire sa révérence », Le Temps, (lire en ligne)
- ↑ a et b (no) « Marion Donhoff », sur Store norske leksikon
Bibliographie
- Anne Laszlo, Marion Gräfin Dönhoff, la « comtesse rouge » du journalisme allemand, biographie, Éditions L'Harmattan, 2014, Paris, (ISBN 978-2-343-03581-9)
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative à la vie publique :
- Documents diplomatiques suisses 1848-1975
- Ressource relative à la recherche :
- Mathematics Genealogy Project
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
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